La prestation de services en agriculture Un chantier délégué coûte moins cher à l’agriculteur
Le comparatif entre les charges de mécanisation d’une exploitation et les tarifs d’une entreprise de travaux agricoles révèle qu’il est souvent plus intéressant pour l’agriculteur de déléguer ses chantiers à un tiers plutôt que d’investir dans du matériel généralement sous-utilisé.
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« Les prix pratiqués par les entrepreneurs de travaux agricoles sont souvent moins élevés que les coûts de mécanisation des exploitations agricoles, mais les agriculteurs ne le savent pas assez. » Ce constat, c’est Franck Bellessort, entrepreneur dans la Sarthe, qui le dresse. En 2014, il s’est penché sur les coûts de mécanisation dans son département et celui de la Mayenne. Il examine les données fournies par le CER et le résultat est saisissant : sur les années 2012 et 2013, les agriculteurs ont dépensé, en moyenne, avec leur matériel 40 à 50 % de plus que s'ils avaient eu recours à une prestation complète d’ETA, incluant tous les travaux du semis à la récolte.
Les chiffres à l'appui
« Les charges de mécanisation sont très variables selon le système de production et la situation de l’exploitation, mais dans une majorité des cas, l’agriculteur a tout intérêt à déléguer ses travaux, ajoute Freddy Bodin, délégué régional à la fédération EDT (Entrepreneurs des territoires) des Pays de la Loire. Pour une intervention que je réalise auprès des jeunes qui s’installent, je m'appuie sur les chiffres de 2015 et 2016 provenant de plusieurs départements. Ils révèlent que, sur une ferme, la mécanisation représente entre un quart et un tiers des charges totales, dont 40 % dédiés à la traction. En systèmes lait, par exemple, les charges varient de 640 à 733 €/ha selon les sources. En grandes cultures, nous avons relevé des coûts de 433 à 466 €/ha. Ce sont des moyennes, masquant des écarts importants, allant parfois de 1 à 3 au sein d’un même groupe. Cependant, beaucoup se situent bien au-dessus des montants facturés par les ETA pour des chantiers complets. »
En effet, selon différents entrepreneurs interrogés, les travaux de A à Z pour du maïs fourrage, incluant la mise en silo, sont généralement facturés entre 440 et 500 €/ha. Pour du blé, le chantier complet est estimé aux environs de 250 à 400 €/ha, avec des variations selon les outils employés.
Des coûts inférieurs avec la prestation
Même constat pour Alexandre Villain entrepreneur de travaux agricoles près de Saint Jean d’Angély en Charente-Maritime : « Il faut étudier le prix d’une prestation selon le mode de culture. Semis direct ou labour, par exemple, ne sont pas comparables, précise-t-il. Ceci dit, sur notre secteur, le prix moyen pratiqué par les ETA est souvent inférieur de 5 à 10 % à celui du barème d’entraide. Nous avons l’avantage par rapport à une Cuma de ne pas demander à l’agriculteur un engagement à long terme via le versement de parts sociales au départ. Parts sociales qui sont parfois dévaluées voire perdues au bout de quelques années. Personnellement, je travaille toujours sur devis en établissant un prix qui tient compte de la surface totale, du parcellaire, des distances, etc. » Un mode de fonctionnement transparent pour le client qui connait ainsi à l’avance le prix de revient de son chantier, sans aléas, ni coûts supplémentaires dus à l’entretien, aux réparations ou au temps passé.
« Pour un agriculteur investir dans du matériel n’est pas le meilleur choix d’un point de vue économique, car souvent son équipement n’est pas suffisamment employé, conclut Freddy Bodin. Cet état de fait ne va pas s’inverser à l’avenir car nous sommes dans un contexte d’augmentation du prix du matériel de 3,5 % par an. Vu les difficultés qu’ils rencontrent dans de nombreux domaines pour obtenir des prix rémunérateurs, les agriculteurs ont tout intérêt à baisser leur coût de mécanisation en déléguant. »
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